Communisme = Pouvoir des Soviets + internet*
I
La perpective historique à la dimension mondiale à partir de laquelle Marx et Engels ont analysé dans le Manifeste le processus de l'industrialisation capitaliste, la force visionnaire, avec laquelle ses deux auteurs ont projeté la vision d'un monde qui est "sans conteste celui dans lequel nous vivons 150 ans plus tard" , nous renforce dans notre idée: Nous vivons dans la période de transition menant du Capitalisme au Socialisme/Communisme. Je vais laisser ici de côté les questions sur les périodes de transition, qui par définition sont associées à la notion de ,,Socialisme" et m'en tenir à la première dénomination du titre: Organisation du métabolisme nécessaire avec la nature de manière coopérative, sous condition de propriété commune des moyens de production esssentiels en tant que mode de production à l'échelle mondiale. Il ne sera pas question - tout en déculant de la restriction que je viens d'évoquer - de lutte des classes, mais de ses conséquences possibles.
En outre, le point de départ sera - de même sans autre justification - l'actualité substantielle de la théorie d'Impérialisme de Lénine: de la force structurelle issue de 1'action conjuguée de l'économie, la politique et 1'armée. En ce qui concerne la nouveauté dans cette évolution dont je vais tout de suite parler, 1'expression à la mode ,, Neolibéralisme" est plutôt nocive parce qu'elle nourrit l'illusion (comme autrefois Kautsky) d'une politique qui ne toucherait pas aux structures économiques de base. Ceci est aussi une raison pour moi de choisir comme titre la paraphrase d'une citation de Lénine. Le fait de s'accrocher à la notion d'"Impérialisme" met en évidence que les alternatives Socialisme ou Barbarie sont dramatiquement proches l'une de l'autre. Tout mettre en oeuvre pour arrêter cette dernière demande aussi de mettre à profit la force mobilisante des idées fondées d'un ordre humanitaire efficace. C'est là le cadre pratique et decisif de mes propos.
II
Ce qui est nouveau est essentiellement lié à l'instrument de travail moderne: l'ordinateur.
- Le Capitalisme dont l'établissement du marché mondial , du cosmopolitisme - comme il est écrit dans le Manifeste - est immanent, avait dans son stade de la libre concurrence comme instrument l'exportation de marchandises, au stade monopoliste l'exportation du capital. Aujourd'hui, il existe l'action conjuguée des éléments du processus de production lui-même. Ainsi sont produits, par exemple des puces en Bavière, elles sont ensuite transportées par avion à Malakka en Malaisie pour un autre traitement et reviennent quelques jours plus tard pour être utilisés dans la production en Allemagne, aux EU ou dans un pays de l'est à bas salaires. L'usine Siemens de puces à Singapoure est connectée aux autres usines du groupe par un système de commande et de surveillance de la production. Toute la programmation et les prévisions dans la fabrication repose sur ce système. I1 existe un échange de données de tests qui permet que les informations que les tests ont données, soient en même temps disponibles dans les usines d'Europe et dans celles de l'Asie du sud-est. Tout ce qui sort à 16 heures de la chaine de montage à Singapoure arrive le jour suivant dans 1'entrepôt de distribution à Fürth. Un centre de développement de puces est en construction à Singapoure; aux Indes, à Delhi et Bangalore, on construit des centres de réalisation de Software dans lesquels travaillent des ingénieurs hautement qualifiés avec des salaires de 10 à 15% comparés au niveau salarial en Allemagne.
- L'économie de travail humain grâce à la rationalisation de la production ne peut plus pour la premiere fois dans l'histoire de 1'humanité être compensée par l'agrandissement de la production. Pour le capitalisme un facteur négatif, parce que, basé sur l'exploitation de la puissance de travail productive , il va être sapé à la base. Le communisme par contre va en profiter parce que le temps ainsi gagné pourra être distribué par exemple pour les soins des malades, pour jouer du violon etc....
Dans la paraphrase de l'affirmation de Marx, d'après laquelle la révolution de la manière de produire dans l'industrie commence par 1e moyen de production , cette thèse peut être formulée:
L'ordinateur est le point de départ d'une nouvelle manière de produire.
Si donc chaque manière de production possède son outil paradigmatique (la roue à eau à l'époque féodale, la machine à vapeur/ le moteur électrique pour le capitalisme), l'ordinateur est l'outil/ l'instrument de la pensée qui ouvre le chemin au communisme. Il prend ce rôle parce qu'il se distingue de tous les autres outils existant jusqu'à présent par:
1. sa capacité d'automatiser les fonctions de la pensée.
2. son universalité: II n'est pas seulement à usage unique; grâce à différents programmes, le même processeur peut réaliser l'un après 1'autre ou presque en même temps des données dans des domaines complètement différents ( p.ex. l'organisation de la banque des donnés, traitement de textes, commande de machines- outils, télécommunication).
3. son ubiquité (en rapport avec la miniaturisation) et la possibilité de communication entre des ordinateurs différents.
Il s'ensuit pour le développement des forces productives:
du point 1.: Après que la force humaine a été remplacée par une transformation d'énergie mécanique, l'être humain n'est plus présent dans les processus de transformation de l'information, de commande et de régulation de la production. Après la multiplication des forces physiques apparaît maintenant celle des forces du cerveau.
Du point 2.: La tendance d'intégration qui rejoint entre elles des phases de travail auparavant séparées. L'évolution d'une pièce reste dans les mains d'une seule personne ou d'un seul team, de l'enregistrement des données, en passant par la simulation de son emploi, jusqu'à la programmation de son exécution. Une tendence analoge se poursuit sur le plan de la production materielle: on s'éloigne du système Taylor de la division du travail la plus grande possible vers des conceptions intégratives, à l'heure actuel nommé CIM (Computer Integrated Manufacturing) constituant rien qu'un processus non conclut.
Du point 3.: Le remplacement de concepts centralisateurs par des concepts d'interconnexion, dont la structure se caractérise par la réalisation/reproduction dans la selforganisation. La formule ,,usine fractale" résume, quasiment comme effet synergétique des points 2 et 3, sur le plan de fabrication matérielle, cette idée.
Dans les rapports entre les forces productives et les conditions de production, ce sont les premières qui dominent. Le but de cette constatation n'est pas de contester le fait que l'introduction ou l'entravement de certaines innovations techniques peuvent dépendre de la forme sociale de leur mise en oeuvre, mais de constater seulement que le développement des forces productives dans leur ensemble, particulièrement dans leurs outils paradigmatiques suit relativement une logique propre. Les changements actuels dans la production industrielle ne sont en aucun cas le produit de quelque mode inventée par des P.D.G. mais les résultats du fait que les potentiels d'efficacité de la mode de production fordique-taylorienne viennent de s'épuiser, et que en même temps des nouveaux potentiels résultant de la technologie microélectronique se produisent.
III
Jusqu'à présent, il n'a pas été question de pouvoir des soviets et seulement de faon très marginale d'Internet. Avant d'y arriver, il faut parler d'une autre exigence au vu de laquelle le communisme apparaîtra comme une nouvelle manière de produire: Comment venir à bout de la complexité? Avec le développement des relations commerciales et leur propagation dans l'espace, la complexité des rapports inter-humains a augmenté. Leur maîtrise n'était possible et ne l'est encore que par l'abstraction. Marx et Engels se sont posés en précurseurs dans leur critique du modernisme lorsqu'ils analysent dans leur Manifeste: A la place des rapports féodaux apparaissent des rapports objectifs qui ne laissent aucun lien entre les etres humains si ce n'est la froideur d'un "paiement au comptant". Si on accepte le concept d'après lequel une société se forme grâce à l'échange de marchandises, mais la communauté par coopération sensible, la maîtrise de la complexité dans la société bourgeoise se laisse alors décrire comme un processus de socialisation: le fait de réduire la vie publique à une somme de règles de comportement, la transformation d'une communauté en relations commerciales jusqu'à ce que celles-ci s'incrustent dans les relations humaines les plus intimes. Avec le capitalisme, la domination du travail abstrait s'est développée: Le travail humain n'interésse le capital que dans la mesure où il se laisse transformer en travail abstrait et ainsi peut acquérir une valeur d'échange.
A côté des conséquences sociales désastreuses qui ne sont un secret pour personne, de cette domination, l'accélération du métabolisme avec la nature a atteint un grade de perte de contrôle tel que l'humanité possède les moyens de s'auto-détruire. La primitivité de ce principe devient évidente lorsque nous nous représentons que, si on se souvient de l'hypothèse - dans ce sens général incontestée chez les marxistes - que les normes juridiques, les décisions politiques etc. sont dominées structurellement par le capital, la colonisation d'une région, la décision de l'exploitation d'une ressource naturelle, dépendent finalement et de faon décisive de sa valeur (au sens politico-économique). Mais la valeur est une catégorie purement sociale; la nature elle-même ne produit pas de valeurs. Un système de société capitaliste se réfère donc en principe à lui-même, c'est-à-dire replié sur lui-même, en face de la nature et non intégré à cette dernière.
Pour trouver des formes d'organisation qui assurent une perspective humaine à la relation complexe Homme-Homme-Nature, il est à mon avis utile d'étudier les concepts de selforganisation de systèmes complexes, qui peuvent être représentés par le nom Ilya Prigogine. Les processus de selforganisation se caractérisent par le jeu d'échanges à radius réduit, qui sont de nature stochastique avec une organisation grâce à laquelle le système opere comme un ensemble.
Ce rapport entre activités locales sous des conditions d'influence globales est présent en paraphrase dans le fameux passage de "Introduction à la critique de l'économie politique" de Marx , d'après lequel les êtres humains se trouvant confrontés à des conditions existantes indépendantes de leur volonté, interviennent pour les changer quand le moment leur semble propice. Prigogine lui-même voit un rapport avec le concept de causalité structurelle d'Althusser . Les descriptions mathématiques couronnées de succès non seulement des phénomènes cellulaires de la construction de termitières mais aussi des processus sociaux comme par exemple l'urbanisation montrent que la nature et les sciences sociales se rapprochent vraiment dans ce domaine.
Si nous voulons donc entreprendre, après avoir débarassé les valeurs d'utilisation de leur enveloppe capitaliste, de faire devenir objet de construction humaine la transformation indispensable de matières et d'énergie en espace et temps, la tentative de réaliser ceci avec le concept d'une planification centraliste serait vouée à l'échec au vu de sa complexité. (Où serait le centre pour un communisme qui ne peut exister autrement que globalement?) Ce serait comme la tentative de dominer microscopiquement un phénomène thermo-dynamique, par exemple l'étalement d'une goutte d'encre dans l'eau, par la description de trajectoires isolées, ce que l'on avait vraiment essayé de faire. Là, même un ordinateur est impuissant. II faut arriver à une éonomie planifiée s'auto-organisant: auto-organisateur parce que ainsi des procès complexes dépent seulement des prescriptions très générales et de quelques paramètres qui exigent des décisions basées sur planification. Auto-organisation se distingue fondamentalement de auto-gestion. Auto-gestion vise au singulier dans le tout, son lien avec ce dernier ce produit dans une faon qui ne correspond pas au communisme: des contigentes relations bilatérales fondées sur l'échange qui exercent leur influence derrière le dos des actuers, tandis que auto-organisation est action coopérante dans laquelle le but correspond au fin.
Le capitalisme a fait bon travail préparatoire: ses conceptions de production les plus avancées montrent une tendance de décentralisation et de modularisation. Le modul comme élément auto-organisateur est lié à la totalité du procès de production par peu points d'intersection. Cette tendance s'achève à l'intérieur des usines dans la formation des petits groups généralement homogène - des aliés dans une atmosphère denuée des structures hierarchiques - ou des secteurs rélativement autonomes, aussi bien que par déplacement complet des procès partiels et par la régulation des rélations au moyen des contrats de livraison et de communication. "Faculté maximale de réaction ne serait possible que par cooperation intensive aussi bien à l'intérieur de l'entreprise qu'à l'extérieur," rapporte un témoin-clé . Ed Miller, président du NCfMS des Etats-Unis déploie la vision d'un réseau de communication global qui procure la possibilité de produire sans retard un produit à n'importe quel lieu et en n'importe quelle faon.
Il y a plusieurs débauches théoriques qui poussent la question aussi loin qu'ils renoncent totalement à une planification (de l'entreprise) et une administration centrale. L'élément de combination entre les unitées autonomes doit alors consister exclusivement dans un système de communication intégral qui remet toute information disponible partout. Le dialogue se déploie comme demande sur laquelle chaque autre élément peut réagir spontanément. Une telle structure peut adopter deux conditions: simulation ou fonctionnement réel. Cela crée la possibilité d'un série de tests pour essayer les conséquences (difficile à prévoir) de certaines décisions.
On lit dans une étude:
"La direction souhaite primer l'efficacité des membres du "fractal" (Fractal est ici un modul autonome au sein d'un processus de production. HD). Il est d'importance que le fractal comme tel soit évalué; les membres du groupe ne seront pas spécifiquement primé. C'est pourquoi le système de prime peut garantir que l'atteint permanente des buts définis, la démarche ininterrompue et la calculation simple et non-équivoque des primes soient assurées."
L'utilisation des potentiels d'efficacité du développement le plus avancé des forces productives - une fois dénué de leur enveloppe capitaliste - aboutirait sur le plan des relations de production apparement à la conséquence de la bonne vieille brigade socialiste!
IV
Débarasser les valeurs d'utilisation de leur enveloppe capitaliste exige le triomphe sur la production des marchandises et avec cela l'abolition du marché. Pour des siècles le marché a été un moyen plus ou moins rationel à resoudre les problèmes de communication entre producteurs et consommateurs, effects de la division du travail sociale. Malgré des avantages vis-à-vis des formes passées d'une économie de distribution, le marché ne peut permettre au producteur de juger qu'après fait s'il avait produit la fausse marchandise ou une trop grande quantité, c'est à dire si du pouvoir de travail fût déprecié ou non, si de la richesse sociale fût gaspillé ou non. Technologie d'ordinateur permet aux consommateur et producteur d'exercer une infuence immediate en temps réel et indépendant du lieu. Ce qu'on produit correspond a priori à la demande. Auprès du marché un plus haut dégré de rationalité de communication est atteint. Dernièrement un informatique, certainement pas de tendance communiste, présentait un modèle capable de réaliser dans cette manière un approvisionnement de base.
Il faut en tenir compte que les processus décrits plus haut portent d'abord sur la sphère de la production matérielle y compris la distribution et la communication necessaire. Ce secteur se contractera jusqu'à une dimension comparable au secteur agriculturel dans les sociétés industrielles classiques. En plus un changement a lieu en faveur du développement des produit et des procédés. Ces changement des formes de travail exercent à leur tour une influence sur les problèmes de la motivation au travail et de la mise en liberté des forces innovatrice; car, à part le fait que la plupart des innovations, de leur côté technologique, sortent déjà dans le capitalisme des institutions de l'état, c'est en premier lieu le caractère du travail même qui fonctionne comme moteur et moins la "conscience de propriétaire". Un chercheur - pour en choisir un cas extrème - ne doit pas être forcé au travail dans l'usine comme un ouvrier du 19me siècle pour qu'il fasse quelque chose. Dans les secteurs de reproduction et de superstructure comme santé, culture, informatique le marché ne sert certainement à rien. Ici on peut profiter des riches expériences des pays socialistes péris. Pourtant subsistent des secteurs qui seront à long vue indépendant de la coopération communitaire et par conséquent résistants contre toute abolition de la relation des marchandises: garages, bistros etc ... Cela ne ruinera le communisme.
Ainsi disparaît la dernière raison rationelle de la production des marchandises capitaliste comme mode de production déterminante. Si le "Institut für Wirtschaftsinformatik" de l'université (recapitalisée) de Leipzig annonce sur son page WWW:
Virtual Corporations are understood to be networks of independent real world companies combining their skills and resources to achieve common goals. The participating companies are linked by Information Technology in order to coordinate their activities and to avoid any hierarchy or vertical integration.",
il ne se doute vraisemblablement pas à quel dégré le capital est déjà oiseux en cela et que cela est déjà entré dans un processus d'abolition communiste réalisé dans l'internet - dans une production certes pas matérielle pourtant réelle. Comme pièce à l'appui peut servir le développement et la propagation du système d'opération Linux dans l'internet. Au début c'était un étudiant finlandais qui a développé la première version. Bientôt se trouvaient dans le réseau de discussion usenet des collaborateurs. Maintenant s'y trouvent plus que 1000 développeurs (chercheurs, étudiants, élèves, apprentis, amateurs de programmation) qui s'engagent volontairement, sans récompense, pour le plaisir, avec leur savoir spécialisé pour le développement de Linux, et qui collaborent dans une faon non hierarchique - pour ainsi dire: en association libre. Cette dynamique menait bientôt au résultat que l'échange d'information nécessaire dépassait la capacité de E-Mail normal. Par conséquent on a créé dans le usenet une rubrique comme centre de communication pour développeurs (Auto-organisation!). Le résultat: un système d'opération moderne d'une fonctionalité et capacité bien supérieur aux produits de Bill Gates. Cela n'a été rendu possible que par l'internet et la Free Software Foundation (FSF) qui adhère au principe de la disponibilité libre de toute software de qualité. Chacun peut se servir des programmes gratuitement, même modifier le code - mais en même temps il doit livrer le texte de source pour que le prochain employeur puisse suivre; copier et propager est souhaité exprès.
Quant à la production matérielle le mot d'ordre "Global thinking, local acting" va trouver aussi son sens exacte communiste: Le savoir global et chaque information tout temps disponible pour la solution des problèmes de l'organisation des flux du matériel locals. Et ainsi se devoile le mystère quelle signification aura "pouvoir des soviets" dans le communisme futur: C'est le pouvoir des comités d'entreprise et des comités locaux formant un réseau exigé à resoudre ce devoir avec intelligence de sang-froid et le coeur chaud.
V
Il semble bien clair que ces idées se son formé dans un pays industriel développé. A quel point peuvent elles servir au développement d'une conception universelle en constatant le fait décourageant que la moitié de la population mondiale n'a jamais dans la vie touché un téléfon? Je suis profondement convaincu que le gain d'une hégémonie communiste dans les centres impérialistes d'aujourd'hui rend la solution des problèmes gigantesques, hérités par 500 ans de colonisation, possible en collaboration fraternelle; j'aimerais portant connaître l'opinion des camarades de l'Afrique et l'Amérique latin.
Helmut Dunkhase
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